L’Un de nous deux – MANDEL / BLUM
Juin 1944, une prison en Allemagne. Derrière les barreaux, deux hommes côte à côte, et face à face : Léon Blum, fidèle de Jaurès et chef du Front populaire et Georges Mandel, collaborateur de Clemenceau. La mort immédiate s'annonce, pour l'un d'entre eux… L'intensité de leur dialogue se nourrit de cette angoisse, de leurs mémoires contrastées, de leurs tempéraments opposés, de leurs pudeurs bousculées, de leurs connivences révélées. Ils nous parlent de la République, au cœur de ses contradictions et au plus haut de sa dignité.
Lequel survira ?Avec: Christophe BARBIER, Emmanuel DECHARTRE et Simon WILLAME
De: Jean-Noël JEANNENEY
Mise en scène: Jean-Claude IDÉE
Costumes: Sonia BOSC
Décor et lumières: Jean-Claude IDÉE
Son et vidéo: OLIVIER LOUIS CAMILLELa Fondation Pierre LAFUE soutient L'UN DE NOUS DEUX
Nos chaleureux remerciements à l’Établissement de communication et de Production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) - Agence d’images de la défense et au Musée Clemenceau pour leur précieuse collaboration.
"Un texte superbe. Bouleversant" - Le Journal du Dimanche
"Confrontation d'une grande intensité. Dialogue de haute tenue" - L'Histoire
"Instructif et bouleversant" - Le FigaroscopeDu 10 septembre 2019 au 12 janvier 2020
Soirées
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi : 19hMatinée
Dimanche: 15hDurée du spectacle: 1h25
Relâche exceptionnel du 24 décembre 2019 au 3 janvier 2020
Tarifs
(au guichet)
1° catégorie : 34 €
2° catégorie: 18 €
- de 26 ans: 10€Offre découverte du 10 au 19 septembre (-50%)
Réservations par téléphone ou par internet: + 2€ de frais
*** Interview de Jean-Noël JEANNENEY - auteur ***
S'éloigner des archives, pour un historien chevronné, n'est-ce pas scandaleux ? Selon une imagination… débridée ?
Je vous répondrais d'abord qu'il n'y a pas d'Histoire racontée, éclairée, illustrée sans une bonne dose d'imagination. Les archives et les témoignages ne sont que des balises. Il faut remplir les intervalles. Ne me faites pas dire qu'il n'existe pas une éthique de l'historien en quête de véracité, sinon d'une vérité définitive. Mais l'imagination s'impose à chaque pas de notre quête, notamment parce qu'on ne peut ni expliquer ni interpréter le passé sans songer, à chaque pas, à ce qui aurait pu survenir et qui est resté lettre morte. Cela étant dit, cette pièce ne se veut en rien une chronique. Il s'agit d'un tout autre genre. Je change d'état, en somme. Librement ! Mais à partir de ma culture spécifique, bien sûr, de mon expérience antérieure. Un collègue étourdi s'est écrié, en apprenant que je m'aventurais de la sorte, loin de mes bases habituelles : "Mais comment peux-tu être sûr qu'ils ont dit cela ?" Je lui ai répondu en souriant : "Je suis certain, justement, qu'ils ne l'ont pas dit !" Et quel plaisir que de n'avoir pas à mettre des notes en bas de page ! Ajoutez qu'une vaste partie du théâtre, de siècle en siècle, du côté des plus grands dramaturges, a fait servir l'Histoire à la scène. Je suis couvert.
Pourquoi et comment avez-vous fait le choix de ce dialogue spécifique entre ces deux personnages de Léon Blum et de Georges Mandel ?
Si je devais me donner une règle, c'était bien celle de nos classiques : unité de lieu, unité de temps, unité de thème. Un : leur prison. Deux : ce moment décisif, où se jouent deux destins, face à face, côte à côte. Trois : la grandeur et les douleurs de la politique. Nous y voilà. Ajoutez que si, chez eux, rien n'est jamais médiocre, ils sont assez violemment différents pour que leur rencontre permette de provoquer des réflexions, qui, tout ancrées qu'elles soient dans leur itinéraire propre, les dépassent et rejoignent des affrontements, des enjeux qui sont probablement éternels, en démocratie en tout cas, et peut-être au-delà. De surcroît leur dévotion respective à Jaurès et Clemenceau ajoute de la profondeur de champ.
Un cours de science politique, en somme ?
Oh non, quelle idée ! Surtout pas ! L'auteur n'est pas en chaire… J'ai voulu que tout passe par des propos où alternent, au plus près d'un quotidien, la gravité et le dérisoire, l'essentiel et l'anecdotique, jusqu'au farfelu, parfois. L'hommage à la raison, chez les deux personnages, bute constamment sur l'émotion, sur la passion, et même sur une tendresse qui vient percer sous la fragilité des masques. On est toujours quelque part entre l'aspiration à un absolu et la nécessité des compromis. Avec, peut-être, tandis que rôde la mort, une forme de démesure tragique dans l'orgueil de Georges Mandel.
Philippe Henriot, le dernier héraut de la collaboration, abattu à Paris par la Résistance offre bien pourtant, à distance, l'image d'une sorte de mal intégral ?
Le regard de Blum et de Mandel sur cet homme, avant et après le meurtre, n'est pas le même pour l'un et pour l'autre. L'angoisse que crée cet événement, autour duquel la pièce pivote, a vocation non pas à simplifier mais à compliquer, à intensifier, à exaspérer les sentiments et les pensées des deux captifs. Au demeurant, Henriot, malgré son discours à la radio, est ici une figure presque abstraite. Le jeune Allemand, le geôlier, le troisième protagoniste, incarne, pour sa part, je pense, la présence d'une Fortune aveugle -et aveuglante.
Que voulez-vous démontrer ?
Mais rien, vraiment rien. Le théâtre à thèse a connu ses lettres de noblesse, mais il risque toujours de se cogner sur un manichéisme réducteur. Ce n'est pas ma pente. Plusieurs fois, dans le public, après des lectures de la pièce, on m'a dit : "Visiblement, entre Blum et Mandel, vous avez votre favori, celui vers qui penche surtout votre admiration, votre connivence, votre indulgence". "Qui, à votre avis ?" ai-je demandé. Eh bien ! j'ai compté, ils sont arrivés à peu près à égalité. Et j'en suis bien content. Précisément parce que j'ai voulu qu'il s'agisse de la vie dans sa pleine complexité, non pas d'un concours pour un catéchisme républicain. Cette pièce se veut ouverte. Je suis reconnaissant à Jean-Claude Idée, comme à Emmanuel Dechartre et Christophe Barbier, et aussi à Simon Willame, de le faire si bien ressentir, sous la houlette de Jean-Claude Idée.
Vous avez pris goût au théâtre ?
Eh oui ! J'espère donner bientôt à voir deux pièces nouvelles, qui sont déjà éditées. L'une, l'Affaire Crochette, raconte l'histoire d'un escroc pris à son propre jeu, une sorte de Madoff de la Troisième République, que je saisis au moment où il trébuche. L'autre retrace l'enlèvement d'un panda qui entraîne toutes sortes de répercussions nationales et internationales : une fable politique.
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En cette période de profonde transformation du paysage politique français, la pièce de Jean-Noël Jeanneney vient à son heure, car elle nous ramène aux fondamentaux de la vie publique : notre contrat social, le socle civique des valeurs républicaines, notre Constitution inspirée par l’esprit des Lumières. "L’Un de nous deux" propose une réflexion salutaire sur les solidarités qui peuvent réunir la gauche et la droite face au péril des fascismes.
En 1944, Léon Blum, homme de gauche, et Georges Mandel, homme de droite, sont prisonniers des Allemands depuis de nombreux mois, cloîtrés dans la même maison et conduits à dialoguer jour après jour en dépit de leurs antagonismes. L’ancien président du Conseil Léon Blum et l’ancien ministre de l’Intérieur Georges Mandel ont été livrés à Hitler par Pétain afin qu'ils puissent servir d’otages pour de possibles représailles. En attendant, ces deux vaincus de l’avant-guerre ne peuvent que se raconter l’un à l’autre. Léon Blum a été tout proche de Jaurès, magnifique inspirateur de la gauche socialiste, qui aurait tant voulu empêcher la guerre de 1914, et Mandel collaborateur de Clemenceau, personnage non moins emblématique, qui l’a gagnée. Tous deux défendent avec passion celui qui les a formés en politique et à qui ils restent indéfectiblement fidèles.
La pièce se déroule en un jour et demi dans le salon d'une petite maison bourgeoise située aux environs du camp de concentration de Buchenwald, à quelques kilomètres de Weimar. Au fil du dialogue, tantôt sombre et tantôt lumineux, se déploie à nos yeux le paysage politique de la France de 1870 à 1944, à travers les souvenirs de ces deux témoins essentiels. Blum et Mandel savent que la victoire est désormais acquise, car les Alliés ont débarqué en Normandie. Bien qu’ils ne soient pas sûrs d’en voir le jour, ils envisagent déjà les luttes qui les opposeront à l’avenir. Ils tentent de deviner de quoi sera fait le futur de la France. Et c’est ici que le public entre en jeu puisque, comme dans une tragédie classique, nous savons déjà ce que les protagonistes ne savent pas encore. Et nous suivons l’histoire de ce long combat entre une droite et une gauche, selon toutes les ironies du destin, les catastrophes et les succès qui sont, pour les protagonistes, imprévisibles mais dont ils ont pourtant la prescience.
Pour interpréter ces deux hautes figures, il fallait trouver des comédiens nourris d’une forte culture politique. C'est le cas de Christophe Barbier (Georges Mandel), ancien directeur de rédaction de l’Express et éditorialiste reconnu à la télévision et celui d’Emmanuel Dechartre (Léon Blum), fils de Philippe Dechartre qui fut résistant et Ministre du Général de Gaulle et qui accueillit Léon Blum à Paris lors de son retour de déportation.
Servie par ces deux interprètes, la politique s’incarne dans des registres profonds, ironiques et sensibles où l’intelligence scintille et nous offre une leçon de démocratie.
Jean-Claude IDÉE - metteur en scène
Le 18 juin 2019, les comédiens de L'UN DE NOUS DEUX ont été invités à L'Hôtel de Lassay, à l'Assemblée Nationale, par Richard FERRAND,
pour une lecture en avant-première de la pièce de Jean-Noël JEANNENEY,
dans le cadre de l'hommage rendu à Georges MANDEL à l'occasion des 75 ans de son assassinat.Voici quelques photographies de l'évènement:
Pour visionner la vidéo du discours prononcé par Richard FERRAND, en mémoire de Georges MANDEL, cliquez ici
La distribution
L'équipe
OLIVIER LOUIS CAMILLE
Vidéo