Milan KUNDERA

Milan Kundera est un écrivain de langue tchèque et française. Né en ancienne Tchécoslovaquie, il a obtenu la nationalité française le 1er juillet 1981.
Il a reçu le Prix Médicis Etranger en 1973 (pour son roman La vie est ailleurs), le Prix de Jérusalem en 1985, le Prix Aujourd'hui en 1993 (pour son essai Les testaments trahis), le Prix Herder en 2000 et le Grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001.
Milan Kundera est né en 1929 à Brno, en Moravie (Tchéquie), où il a vécu jusqu'à ses années de lycée. Il a grandi dans un milieu où l'art et la culture sont prépondérants. Son père Ludvík Kundera (1891-1971), célèbre musicologue et pianiste tchèque, directeur de l'académie musicale de Brno, lui apprend très tôt le piano. Il met à profit cet apprentissage lorsque, exclu du parti communiste, il doit vivre de petits boulots, notamment comme pianiste de jazz. La musique influence son œuvre et sa vie.
À partir de 1948, Kundera entame des études de littérature et d'esthétique à la Faculté des Arts, mais il change de direction après deux trimestres et s'inscrit à l'école supérieure de cinéma de Prague (FAMU). Il termine ses études en 1952, non sans avoir dû les interrompre quelque temps suite à des « agissements contre le pouvoir » qui l'exclurent du parti communiste. Ce n'est qu'en 1956 qu'il est réintégré, mais il en sera définitivement exclu en 1970.
Période tchèque
Son premier livre, L'Homme, ce vaste jardin (1953) est un recueil de poèmes lyriques dans lequel Kundera essaie d'adopter une attitude critique face à la littérature dite de « réalisme socialiste », mais ne le fait qu'en se positionnant du point de vue marxiste.
Quelques années plus tard, il publie Le dernier mai (1955), une pièce politique consistant en un hommage à Julius Fučík, un héros de la résistance communiste contre l'occupation nazie en Tchécoslovaquie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Suit en 1957, Monologues, une collection de poèmes dans lequel Kundera rejette la propagande politique et accentue l'importance de l'authentique expérience humaine.
Fin des années 1950 et début 60, dans la Tchécoslovaquie communiste, Kundera est très connu et apprécié. Il donne un souffle libérateur à la littérature officielle tchèque sous le « réalisme socialiste ». Mais dans la seconde moitié des années 1960, un besoin de liberté se fait sentir parmi les écrivains et intellectuels
tchèques.
Au 4e Congrès des écrivains tchèques (juin 1967) les écrivains sont, pour la première fois, en désaccord total avec la ligne de conduite des dirigeants du parti. Kundera devient la figure de proue de ce mouvement pour la liberté. Le discours qu'il tient à ce congrès fait époque dans l'histoire de l'indépendance de la pensée autocritique tchèque.
Déçu par le communisme, il développe dans La plaisanterie (1967) un thème majeur de ses écrits : il est impossible de comprendre et contrôler la réalité. C'est dans l'atmosphère de liberté du Printemps de Prague qu'il écrit Risibles amours (1968). Deux œuvres vues comme des messagers de l'anti-totalitarisme.
Risibles amours est composé de plusieurs petits textes qui parlent des relations intimes humaines et à travers cela du dysfonctionnement de la parole, thème qui apparaît dans toutes les œuvres matures de Kundera.
L'invasion soviétique en 1968 met fin à cette période de liberté d'expression des médias et plonge le pays dans le néo-stalinisme pur et dur. Cette atmosphère resta inchangée jusqu'à la chute du communisme en Tchécoslovaquie en 1989. Dans ce climat froid, son militantisme en faveur de l'indépendance et de la liberté de la culture lui coûta son poste d'enseignant à l'Institut Cinématographique de Prague; ses livres sont retirés des librairies et il lui est interdit de publier.
La vie est ailleurs est une forme de catharsis pour Kundera, il se confronte à son passé de communiste, sa place en tant qu'artiste… et il s'en libère.
L'ambiance de La valse aux adieux, supposé être son dernier roman (le titre original était Épilogue), est influencée par le régime aride qui régnait en Tchécoslovaquie après l'invasion de l'URSS. Pas question de politique dans ce livre. La situation étouffante qui règne en dehors du monde de la fiction n'apparaît dans le récit que de manière occasionnelle.
Période française
En 1975, il quitte, avec sa femme Véra, la Tchécoslovaquie pour la France où il enseigne d'abord à l'université de Rennes 2 et par la suite à l'Ecole des Hautes Etudes des Sciences Sociales à Paris. La nationalité tchécoslovaque lui a été retirée en 1979 et il s'est donc fait naturaliser français.
Le fait qu'il soit interdit de publication dans son pays lui procure un sentiment de liberté. Pour la première fois de sa vie il peut écrire librement, la censure n'existant plus. Sachant que dès lors il n'écrit que pour des traducteurs (son œuvre ne pouvant plus être publiée dans son pays d'origine), son langage se trouve radicalement simplifié.
La langue française maîtrisée, Kundera se lance dans la correction des traductions de ses livres, tâche qui lui prend beaucoup de temps. Dans La plaisanterie, note de l'auteur, il explique l'importance et la raison qui le
poussent à réagir de cette manière .
Durant ses premières années en France Milan Kundera soutenait qu'il avait dit tout ce qu'il avait à dire et qu'il n'écrirait plus de romans.
Il se passe six ans avant que Le livre du rire et de l'oubli (achevé en 1978 et publié en 1979) ne voie le jour.
Dans ce livre, Kundera réexamine son passé communiste et le dénonce à travers des thèmes comme l'oubli ou l'idéal de créer une société communiste mais cette fois d'un point de vue externe, « de l'Ouest ».
C'est en 1978 qu'il s'installe à Paris. Il termine L'insoutenable légèreté de l'être en 1982 (publiée en 1984).
Avec ce livre, Kundera devient un auteur reconnu mondialement, surtout après la sortie du film, réalisé par Philip Kaufman en 1988.
L'immortalité est publiée en 1990. Ce roman se présente comme une méditation sur le statut de l'écrit dans le monde moderne où domine l'image..
En 1993, Milan Kundera termine son premier roman écrit en français, La lenteur (publié en 1995). Il continue, ici, ce qu'il avait commencé avec L'immortalité, une critique de la civilisation de l'ouest de l'Europe.
L'identité (achevé en 1995, publié en 1998) est le deuxième roman que Kundera écrit directement en français.
Ce roman est un roman d'amour. Il rend hommage à l'amour authentique, à sa valeur face au monde contemporain. Le seul qui puisse nous protéger d'un monde hostile et primitif.
L'ignorance (roman publié d'abord en espagnol en 2000,en français en 2003) parle du retour impossible (dans son pays d'origine)..
Milan Kundera a écrit aussi dans la revue littéraire L'Atelier du Roman, dirigé par Lakis Proguidis et publié actuellement par Flammarion et Boréal.
Bibliographie (Le titre est aussi indiqué en tchèque quand l'œuvre a été écrite dans cette langue)
Romans et nouvelles
1967 : La Plaisanterie (Žert)
1968 : Risibles amours (Směšné lásky) - Nouvelles
1973 : La vie est ailleurs (Život je jinde)
1976 : La Valse aux adieux (Valčík na rozloučenou)
1978 : Le Livre du rire et de l'oubli (Kniha smíchu a zapomnění)
1984 : L'Insoutenable Légèreté de l'être (Nesnesitelná lehkost bytí)
1990 : L'Immortalité (Nesmrtelnost)
1995 : La Lenteur
1997 : L'Identité
2003 : L'Ignorance
Théâtre
1981 : Jacques et son maître, hommage à Denis Diderot, créée à Paris en 1984 (Jakub a jeho pán : Pocta Denisu Diderotovi)
Il a aussi écrit en 1962 la pièce Les Propriétaires des clés (Majitelé klíčů), œuvre qu'il a par la suite reniée.
Essais
1986 : L'Art du roman
1993 : Les Testaments trahis
1993 : D'en bas tu humeras des roses, illustrations d'Ernest Breleur
2005 : Le Rideau