
La Joie
TRIOMPHE-REPRISE / A partir du 20 juin 2025

Première le 19 mars 2026
14 représentations exceptionnelles
mercredi, jeudi, vendredi, samedi à 19h
dimanche à 15h
1h15
50€ / 42€ / 35€ / 24€
Les billets ne sont ni repris ni échangés et les représentations commencent à l’heure. Aucun retardataire ne peut être accepté dans la salle, pour ne pas perturber le bon déroulement du spectacle.
Alain Souchon est un artiste, solitaire, mélancolique, dandy séducteur et poétique.
Cet éternel adolescent pétri de doutes savoure ses succès à l’écart de notre monde frénétique.
Son parcours unique de chanteur flâneur et charismatique irrigue ce spectacle musical.
Celui-ci a été conçu et mis en scène par Françoise Gillard qui réunit un plateau intergénérationnel composé de six comédiennes, deux musiciens et une musicienne.
« Ce qui touche dans la personnalité d’Alain Souchon, c’est sa manière de traverser les générations en s’y baladant l’air de rien… »
« La Ballade de Souchon » a été créée le 26 janvier 2023 au Studio-Théâtre de la Comédie-Française.
Mise en scène : Françoise GILLARD
Adaptation : Françoise GILLARD et Amélie WENDLING
Avec :
Coraly ZAHONERO
Françoise GILLARD
Dominique BLANC
Et
Emma LARISTAN
Yasmine HALLER
(distribution en cours)
Musicienne et musiciens :
Yannick DEBORNE
Mathieu SERRADELL
en alternance avec :
Mathieu BECQUERELLE
Florence HENNEQUIN
Collaboration artistique : Amélie WENDLING
Costumes : Bernadette VILLARD
Lumières : Éric DUMAS
Arrangements et direction musicale : Yannick DEBORNE
Son: Théo JONVAL
Travail vocal : Mathieu SERRADELL
Travail chorégraphique : Glysleïn LEFEVER
Collaboration à la scénographie: Éric RUF
Assistanat à la scénographie: Nina COULAIS
Remerciements : Pierre et Charles SOUCHON
TRIOMPHE-REPRISE / A partir du 20 juin 2025
Représentation exceptionnelle le 23 juin
Première le mercredi 27 août 2025
Première le jeudi 18 septembre 2025
TRIOMPHE-PROLONGATIONS
Dernière le samedi 14 juin 2025
TRIOMPHE-REPRISE / 100ème !
Première le 18 juin – en alternance avec FRANITO
Première le 20 juin – en alternance avec FRENCH CANCAN
Première le mardi 02 septembre 2025
Laurent MUHLEISEN : Comment est née l’idée d’un spectacle consacré aux chansons d’Alain Souchon ?
Françoise GILLARD : Les spectacles musicaux de la Comédie-Française constituent une ouverture sur la diversité artistique. Et j’ai toujours trouvé dommage que nous ne fêtions pas plus de poètes vivants, encore présents et actifs dans le paysage musical. Le nom d’Alain Souchon s’est imposé très vite à moi ; il a traversé le temps : on a fêté en 2023 ses cinquante ans de carrière.
L. M : Pourquoi avoir envisagé de sous-titrer le spectacle « l’air de rien » ?
F. G : Parce que nous nous sommes rendu compte qu’Alain Souchon est un oxymore à lui tout seul. Le temps semble glisser sur lui ; il est tout et son contraire, et donne toujours l’impression de faire les choses, justement, l’air de rien. Les thèmes qu’il aborde sont pourtant loin d’être aussi simples qu’il y paraît…
Amélie WENDLING : Tout semble simple et pourtant profond. Alain Souchon est connu tout en étant « inconnu ». Certaines personnes pensent ne pas le connaître mais dès que l’on cite un titre ou que l’on fredonne une chanson, elles se mettent à chanter, se souvenant par la même occasion d’un moment en famille sur la route des vacances, d’une chambre d’étudiant, etc… Alain Souchon est dans la vie de tout le monde, « l’air de rien ».
L. M : Pourquoi, selon-vous, touche-t-il autant les gens ?
F. G : Parce qu’il est, dans le bon sens du terme, un chanteur populaire. Il nous parle de nous, de l’humain, sans faire de morale ; il parle d’émotions qui peuvent nous traverser, dans lesquelles nous nous retrouvons. Il a cette capacité à être en chacun de nous. Ses musiques rentrent dans l’oreille, on n’oublie pas les airs de ses chansons : tout cela le rend très attachant.
A. W : Il arrive à saisir à la fois les sentiments humains et l’air du temps. Ses chansons sont comme des polaroïds qui révèlent notre image et celle de la société. Il comble des manques : cela résonne en nous même s’il reste volontairement assez flou. Nous avons conservé ce flou. Souvent, plutôt que de définir ce chanteur, on parle de ce qu’il touche en nous. Ainsi sans doute personne ne voit ni ne ressent le même Alain Souchon, que ce soit sur le plateau ou dans la salle.
L. M : Chacun, chacune a un rapport différent à la nostalgie…
F. G : Je pense qu’Alain Souchon est un homme profondément mélancolique mais qu’il a aussi un grand humour. C’est le dépressif le plus amusant du monde pour reprendre l’expression d’une grande actrice qui le connaît bien. Sans doute est-ce lié à son histoire. J’aime le mystère qui plane sur cet homme. Ce n’est pas un people qui défraye la chronique. Ses chansons racontent son histoire, elles suffisent. Il nous laisse la liberté d’aller y puiser ce que l’on veut.
A. W : Il affirme d’ailleurs qu’il n’invente rien d’original. C’est la manière de raconter qui change. Lui, il essaie de le faire de la manière la plus sincère qui soit, de le faire « du mieux possible » comme il dit.
L. M : Quelle trame dramaturgique avez-vous suivie, comment avez-vous opéré le choix des chansons ?
F. G : Ce choix n’a pas été simple : Alain Souchon est une véritable machine à tubes – ce qu’il doit également à sa grande complicité avec son ami Laurent Voulzy, que nous évoquons bien entendu. Il fallait trouver une trame cohérente. Le spectacle parle de quelqu’un qui n’est pas là, ce sont des femmes qui s’expriment et, de fil en aiguille, interprètent ses chansons. Il s’agissait de créer une sorte de distance avec celui qui est un homme qui chante encore… et qui parle beaucoup des femmes dans ses chansons. Des femmes mais aussi de l’enfance, de la société, de la mélancolie.
A. W : L’idée était d’esquisser le portrait de quelqu’un qui échappe toujours, de se retrouver dans une « atmosphère Souchon ». Nous ne sommes pas là pour prétendre cerner une vérité. Chaque jour dans le travail nous constatons qu’Alain Souchon « fait du bien », même si l’ombre est aussi convoquée dans ses chansons. Vouloir partager avec le public ce « ça fait du bien » est ce qui nous a habité dans la création de ce spectacle.
F. G : Nous avons voulu créer un moment qui lui ressemble. Rendre hommage au poète qu’il est ; et, derrière ses « petites ritournelles », faire entendre ses textes comme on ne les a peut-être pas entendus jusque-là, rendre compte de son style, de sa manière si particulière de construire ses phrases et ses expressions.
A. W : En faisant sonner autrement les mots d’Alain Souchon, nous avons souhaité que le public se balade dans ses propres souvenirs et ses propres émotions. Alain Souchon écrit par touches, un peu à la manière d’un impressionniste ; en collant deux mots, il crée un univers, comme tout poète, libre à chacun de les interpréter d’une certaine façon ou d’une autre.
L. M : En faisant interpréter les chansons d’Alain Souchon par des femmes, ne soulignez-vous pas cette part de lui qui parle volontiers de fragilité et de douceur ; il est l’un des premiers chanteurs populaires à parler de lui et des femmes d’une façon, disons, non virile ?
F. G : Certainement. Le féminin va bien à Alain Souchon, je trouve.
A. W : Alain Souchon a permis à des générations de garçons de s’identifier à un modèle, reconnu et aimé par les femmes, différent du cliché du mâle musclé et sûr de lui. Il est plutôt du côté de l’anti-héros.
F. G : Ce qui fait que cet artiste est encore aimé aujourd’hui, c’est qu’il est resté lui-même. Il assume complètement qui il est et la manière dont il fonctionne. Il ne joue aucun rôle. Rares sont les artistes qui parviennent à ce degré de liberté dans la chanson. Il est tout le contraire d’un produit.
L. M : Comment avez-vous distribué les différentes chansons aux comédiennes-chanteuses ?
F. G : Elles sont toutes un reflet d’Alain Souchon, avec leur propre personnalité. Dans le spectacle, nous sommes toutes nous-mêmes, nous ne jouons pas de rôle. Nous avons écrit le spectacle sur mesure, en quelque sorte, en nous demandant quelle chanson correspondrait à quelle actrice, à son âge, à son parcours. Nous les avons toutes interviewées avant les répétitions, pour connaître « leur Souchon ». Leurs mots se retrouvent parfois dans le spectacle ou dans sa dramaturgie. Nous ne voulions pas faire un tour de chant, mais un véritable spectacle. Les comédiennes que nous sommes vont parler d’Alain Souchon et se promener dans son répertoire.
A. W : Le travail le plus long a été de choisir les chansons, de trouver un axe, une colonne vertébrale pour raconter un peu Souchon. Le dosage était délicat. Il a fallu sacrifier des chansons que chacune de nous aimait particulièrement, pour arriver au plus grand « dénominateur-Souchon commun » susceptible de se transformer en plus grand « multiple commun ». Nous avons travaillé le spectacle comme un organisme vivant unique, composé de voix, de notes de musique, d’éléments de décor, de couleurs les plus souchonniennes possibles. Nul n’y est interchangeable. Précisons que tous les mots prononcés sont aussi de lui ; nous avons écouté beaucoup d’entretiens, repris certaines de ses idées et sa façon de s’exprimer, nous avons mixé et redistribué tout cela. Tout part de la « matière Souchon ».
L. M : Quelle scénographie avez-vous imaginée, avec Éric Ruf ?
F. G : Très vite s’est imposée l’idée d’un salon, ou d’un salon-cuisine, dans une maison qui pourrait être en Bretagne. Nous avons imaginé un endroit à la fois chaleureux et élégant, qui lui ressemblerait. Avec du bois, du cuir. Les instruments y trouvent leur place « naturellement ». Un endroit douillet mais élégant, un peu rustique aussi, somme toute assez simple. Qui, lui aussi, doit être l’air de rien.
Propos recueillis par Laurent Muhleisen, conseiller littéraire de la Comédie-Française